Il y a toujours des premières fois.
Un pape qui démissionne parce qu’il ne se sent plus en capacité de remplir les missions de son pontificat, l’époque moderne n’a jamais connu cela avant que Benoit XVI n’en prenne la décision, en informe le monde, et que le pape François le remplace. Sa disparition, sitôt annoncée, a suscité l’émotion des catholiques tout autant qu’une réaction des chefs d’Etats. On oublie vite que le pape est le chef de l’Etat du Vatican, sans doute l’Etat qui développe la plus grande activité diplomatique à travers le monde. Puis Benoît XVI comme il se doit, fut exposé au Vatican.
Avant lui une même ferveur s’était exprimée au moment de la disparition d’Elisabeth II, elle aussi présentée à la dévotion de son peuple. Trois millions d’entre eux sont venus lui témoigner leurs remerciements.
A l’autre bout de la planète, dans le même temps, une légende disparaît, le Roi Pelé.
Deux disparitions difficiles à comparer et pourtant.
Comment passer à côté de la passion ardente des admirateurs de l’inventeur du football moderne ? D’ailleurs, les témoignages d’hommage au pape et au footballeur usent parfois des mêmes mots : il était unique, je l’admirais tant…
Seule l’ambiance diffère, l’une protocolaire et recueillie au Vatican, le flux des visiteurs y est regulé, la solennité et la dignité prévalent. Au Brésil, il en va autrement. Le roi Pelé est enveloppé d’une flopée de tulle blanc qui laisse apparaître son visage, comme le symbole du mariage avec son peuple. Mais autour s’organise tant bien que mal la cohue, avec renfort de pleurs. La présence du tout nouveau président du Brésil, comme celui de la FIFA participe à l’exaltation de la commémoration.
C’est ainsi que l’un et l’autre furent inhumés le même jour, à des milliers de kms, mobilisant l’un et l’autre, tous les médias mondiaux qui scrutaient les personnalités présentes.
C’est une vraie question de voir cette ardeur passionnée convergente vers l’enthousiasme du respect pour pleurer ensemble.
C’est un pied de nez au tout, tout de suite, au pragmatisme comme dogme, pour laisser la place à la spiritualité et au sacré qui demeurent toujours ancrés dans le cœur des hommes.